Nouvelle Vague

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Nouvelle Vague. Le mouvement cinématographique inspiré par des jeunes critiques des Cahiers du Cinéma (Chabrol, Godard, Rivette, Rohmer et Truffaut) à l’aube de années 1960 avait déjà inspiré à Godard le titre d’un de ses films, réalisé au tournant des années 1990. Plus de trente ans plus tard, c’est un réalisateur américain, Richard Linklater, qui reprend ce label historique comme titre de son vingt-cinquième long-métrage. Et pour cause: cette fiction en noir et blanc revisite le tournage du premier long-métrage de Godard, À bout de souffle, avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo dans les rôles principaux. Avec son style visuel pastichant la matérialité granuleuse des images d’À bout de souffle, le film de Linklater se veut un hommage à la Nouvelle Vague, dont les réalisateurs aimaient eux-mêmes honorer, à travers de savants jeux de références, le cinéma hollywoodien classique et quelques-uns de leurs aînés européens. Mais le cinéaste américain semble avoir oublié l’autre versant de la Nouvelle Vague, comprise comme une tentative de bousculer les codes en vigueur dans le cinéma français: en termes d’écriture, Nouvelle Vague est sage comme une image. Les cinéphiles y trouveront certainement leur compte: la dramaturgie du nouvel opus de Linklater reconstitue dans le menu détail le déroulement de chaque jour du tournage d’À bout de souffle, entreprise hasardeuse qui mit les nerfs de bien des collaborateur·ices à vif – de Seberg, laissée dans le flou total sur son personnage, au producteur, agacé par la méthode du réalisateur qui décidait au jour le jour ce qu’il allait tourner. Et Guillaume Marbeck, parfait inconnu, se révèle l’acteur idéal pour incarner Godard, resituant avec une précision sidérante les gestes et l’accent du cinéaste franco-suisse. Le genre de plaisir réservé aux happy fews.