La Cocina

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La première co-production internationale du réalisateur mexicain Alonso Ruizpalacios se déroule dans le microcosme d'un restaurant new-yorkais soumis aux structures brutales, capitalistes et racistes courantes dans le secteur. L'équipe de cuisine est composée en majorité d'immigré·es clandestin·es exposé·es à une pression extrême. Pendant près de 140 minutes, La Cocina montre leurs luttes avec des problèmes personnels, relationnels et financiers, d'un intérêt secondaire aux yeux du propriétaire du restaurant, du manager et des client·es. Durant le service du midi, la cuisine est inondée par un distributeur de boissons défectueux: les cuisinier·ères pataugent, pantalon trempé, dans des flaques de Coca-Cola Cherry, pendant que les serveur·euses tentent de garder l’équilibre sur le sol glissants avec leurs plateaux chargés. Estela, une jeune fille mineure qui vient d'être embauchée comme cuisinière, nettoie seule les dégâts pendant sa pause avant de s’endormir d’épuisement sur une chaise. Bien que le film regorge de personnages, il parvient à brosser un portrait crédible et profond des membres du personnel grâce à des incursions dans leurs univers respectifs. Figure centrale du récit, le cuisinier mexicain Pedro aspire à vivre le rêve américain et entretient une liaison avec la serveuse américaine Julia. Lorsqu'il manque de l'argent dans la caisse, c'est lui qu’on soupçonne et rappelle à l'ordre en premier. Quant à elle, elle obtient à grand-peine un après-midi de congé à la suite d'un malaise dû à sa grossesse. La photographie noir et blanc, douce et stylisée, contraste avec la difficulté des conditions de travail. Cette friction esthétique renforce les rapports de tension sur lesquels repose le récit et le pouvoir des images, qui restent longtemps en mémoire.